Une Révolution silencieuse – Pierre Weil

Pierre Weil, un homme de paix

Pierre Weil (1924-2008) était docteur en psychologie, fondateur de la première chair de psychologie transpersonnelle, écrivain, éducateur et conférencier, il s’est intéressé avec passion aux questions fondamentales de notre existence, grâce, notamment, à l’étude des états de conscience.

Les numéros de pages inscrits dans cet article correspondent à l’impression d’une révolution silencieuse aux Editions du Rocher.

Dans cet article, je souhaite retracer les grandes lignes de son parcours, évoquer certains passages de son autobiographie : Une révolution silencieuse. 

« Ma vision du monde est en avance sur mon époque, et c’est pour cela que je suis incompris par bien des gens, et considéré comme un rêveur ou un poète par d’autres. Je suis devenu très tôt un homme universel. » p55

Si cet homme a été considéré visionnaire, peut-être même futuriste pour son temps, considérant l’importance de notre reliance à la nature, il est aujourd’hui encore, très contemporain. D’une certaine manière, Pierre Weil devance et influence notre volonté en créant Phusis :
« … je suis convaincu que, si nous voulons renverser la situation extrême dans laquelle nous nous trouvons, nous pouvons encore le faire. Il suffit qu’une grande majorité des habitants de cette planète prennent soin de leur propre révolution silencieuse et se comportent, à l’extérieur, en accord avec leur propre métamorphose, en cultivant l’art de vivre en paix avec eux-même, avec les autres et avec la nature. Ainsi se formera un champ morphogénétique, ce que l’on appelait autrefois egregora, dont l’influence bénéfique pourra encore sauver la vie sur cette planète. » p528

Plutôt que d’interpréter les propos de Pierre Weil, j’ai souhaité le citer, simplement, pour que chacun de vous puisse le comprendre à sa manière. Les passages sont regroupés en fonction de thématiques qui m’ont interpellées : La notion d’égalité, la volonté d’harmonie et la vision holistique, psychologie, philosophie, pouvoirs psychiques et fascination, méditation, transcendance et états de conscience, religion, spiritualité et retraite, créativité et formation. Vous noterez que durant toute sa vie, Pierre Weil a voulu harmoniser les concepts, « transversaliser », il sera donc évident que certaines citations auraient pu être placées dans d’autres thématiques.

1) La notion d’égalité, la volonté d’harmonie et la vision holistique

1: « Dans mes pensées écrites quand j’avais dis-sept ans, je disais : ‘Ma patrie n’est pas uniquement la France, c’est la Terre. Mes compatriotes ne sont pas seulement les Français, ce sont tous les hommes de la planète… » p55

2: « Chaque fois je me persuadais que tous les processus, tant orientaux qu’occidentaux, sont valables : chacun d’eux est fait pour un type d’homme ou de situation déterminés ; il ne faut écarter aucun chemin. » p100.

3: « …la vision holistique dépend de deux approches complémentaires, complémentaires comme les ailes d’un oiseau. » p447

4: « Nous sommes arrivés près d’une ferme où un paysan labourait sa terre comme si de rien n’était. Quel beau spectacle : un symbole de paix contrastant avec la bataille au début de laquelle nous avons assisté. Cette scène, accompagnée d’un beau couché de soleil, avait pourtant en arrière-fond le lointain écho des canons et des mitrailleuses.
C’est toujours avec émotion que je me rappelle cette vision champêtre de sérénité. C’était là un modèle du niveau auquel l’humanité aurait dû rester : vivre de la terre, être en contact avec elle, oublier l’ambition et les passions démesurées pour lesquelles nous, membres de la civilisation industrielle, nous avons été conditionnés.
Ah! Si je pouvais combiner le savoir intellectuel et la spiritualité du mystique avec la simplicité du paysan dans cette nouvelle ère qui arrive! » p49

5: « En jetant maintenant un regard sur l’histoire que je viens de raconter, je suis forcé de reconnaître qu’il m’est bien difficile de dire quelle y fut la part de ma participation effective, en tant qu’ego pensant et celle de mon « destin » : qu’est-ce qui a fait que je suis né dans une famille de trois religions différents et deux cultures traditionnellement ennemies ? Sans nul doute ce sont ces antagonismes qui ont constitué la force principale de ma recherche progressive de l’unité. J’ai d’abord cherché cette unité hors de moi. Dans le Sphinx, j’ai trouvé le symbole de mon propre conflit, mais aussi une perspective de solution. Ma formation scientifique m’a permis d’étudier plus systématiquement les variables qui m’ont amené à des expériences intérieures vraiment exceptionnelles et, encore que loin d’être unificatrices, elles l’ont suffisamment été pour me convaincre définitivement que le plus grand obstacle à la réalisation suprême c’était mon propre ego pensant. » p253

6: « ….la déclaration de Venise de l’Unesco, qui venait d’être divulguée à Paris. 

J’ai expliqué que ce document proclamait que la science ne peut plus assister impassible aux applications irresponsables de ses découvertes et que le temps était venu d’établir la complémentarité, et non l’antagonisme, de la science, de l’art et de la philosophie d’un côté, et des grandes traditions culturelles de l’humanité de l’autre. Cette relation entre l’Orient et l’Occident correspondrait au rétablissement de l’équilibre entre les hémisphères, gauche rationnel et droit intuitif, du cerveau. » p443

7: « Science, philosophie, art et traductions spirituelles se rencontrent afin de chercher ce qui les unit. » p433

2) Psychologie

8: « J’ai mis pas mal de temps à comprendre qu’une rancoeur gardée cachée par peur de blesser est plus nocive dans les relations interpersonnelles qu’un ressentiment exprimé. L’expression d’un ressentiment, quand elle est faite avec amour et respect de l’autre, rapproche les gens au lieu de les éloigner. 

C’est un chapitre de la pratique de la non-violence qui m’a value beaucoup de souffrance et beaucoup d’échecs, particulièrement dans mes relations amoureuses. Je me surprends, encore aujourd’hui, à renoncer à exprimer mes ressentiments par peur de blesser la personne qui est en face de moi. C’est une forme d’ahimsa, c’est-à-dire une façon de ne pas répondre à la violence par la violence. Mais il y en a une autre, plus efficace : celle d’exprimer son ressentiment, autrement dit, la violence la contre-attaque cachée en nous, de manière clame, objective et sans juger autrui. Quand nous y parvenons, l’amour jaillit de ce geste. » p42.

9: « De toute façon, ces forces (malignes) ont un aspect positif : elles mènent, à travers la souffrance qu’elles engendrent, à prendre conscience de la nécessité de rester pleinement lucide au cours de son évolution. Quand elles sont bien traitées, elles peuvent se transformer en alliés puissants de la révolution silencieuse puisque, qu’elle soit positive ou négative, l’énergie est seulement une. »

10: « La psychologie transpersonnelle a pour finalité l’étude des différents états de conscience par lesquels passe l’homme et de ses relations avec la réalité, le comportement et les valeurs humaines. » p138

11: « L’ego définit par l’absence de connaissance de ce que nous sommes réellement et comme la propre conséquence de cette absence de connaissance : une tentative, condamnée à l’échec, de nous accrocher désespérément à une image de nous-mêmes, fabriquée morceau par morceau ; une image aléatoire; un moi inévitablement charlatan et caméléon obligé à changer constamment pour garder vivante la fiction de son existence. » Sogyal Rimpoché p347

12: « Il existe une légende selon laquelle Chenrezi pleurait beaucoup devant la souffrance de l’humanité. Ce qu’il y avait de surprenant, c’est que chacune de ses larmes se transformait en Tara, le bouddha féminin de la libération. Cela signifie que cette façon de s’exprimer à un pouvoir libératoire, qu’elle permet à chacun de nous, grâce à de constants actes de compassion, de se libérer totalement de ses illusions et du poids de samsara. » p383

13: « A présent, je dirais qu’il est préférable de chercher à déterminer qui nous sommes sans changer de situation ni de relation, en profitant de la frustration pour apprendre sur nous-mêmes et pour évoluer. » p225

14: « aujourd’hui je sais que le magnétisme qui émane de ma personne est le résultat de ce travail sur moi-même, encore que certains disent que j’ai développé cela dans une autre existence où j’aurais été un expert en magie. Qui sait ? La subpersonnalité de leader, sous l’influence de la supraconscience, m’a transformé en leader charismatique. Cela augmente infiniment ma responsabilité quand je dirige les autres ! » p262

15: « Pemala ajouta quelques recommandations. Au début, on ne prend conscience que lorsque l’émotion a déjà fait des ravages. Mais peu à peu on progresse, on se surprend au milieu d’une crise de colère. L’idéal, c’est de voir la voir approcher. Alors elle se transforme en amour et compassion. » p358

16: « Au fond, la colère est passée quand j’ai réussi à rétablir, dans mon esprit, la situation telle qu’elle était, en éveillant en moi l’une des cinq formes de sagesse : la sagesse dans le miroir. Le miroir a la possibilité de refléter les choses telles qu’elles sont, sans prendre parti ni comparer ni juger. Quand on retrouve cette version impartiale, la colère disparaît complètement. »  p359

3) Philosophie

17: « Quand nous vivons intensément chaque moment de notre vie, nous établissons avec les autres des contacts aussi profonds que si nous avions vécu une éternité ensemble. C’est dans le moment présent que se trouve l’éternité… » p119.

18: « En premier lieu, comme je l’ai déjà dit, ce fut une bonne occasion de réaliser à quel point je suis imprégné de la philosophie de la non-violence, de l’ahisma de Gandhi, que je ne connaissais d’ailleurs pas à cette époque. Or l’ahisma est l’une des conditions préliminaires, décrites par les traités de yoga, à intégrer une armée sans tirer un coup de fusil. Même si ma participation a été insignifiante, j’ai été un élément parmi les milliers d’autres à avoir constitué l’obstacle dont les Alliés avaient besoin pour retarder les Allemands. Gandhi, lui aussi, a expulsé les Anglais de l’Inde sans qu’un coup de feu ne soit tiré, ou presque. » p50

19: « C’est alors que je suis entré dans ma grande crise existentielle. Elle se caractérisa avant tout par l’ennui. Je m’ennuyais quand j’étais seul et, bien pire encore, quand nous étions deux. Un ennui et un vide provoqués paradoxalement par la satisfaction de tous mes désirs. » p68

20: « Il (Rimpoché) m’a dit que pour rester dans le domaine de la vérité, il faut éviter deux extrêmes : d’un côté le « nihilisme », selon lequel il n’existe rien, car cette idée erronée a mené beaucoup de gens au désespoir, à la dépression et au suicide. De l’autre, ce qu’il appelle l’ « éternalisme », qui consiste à croire qu’il existe quelque chose de solide, concret et éternel. Le mot le plus adéquat dans notre langage occidental serait « matérialisme ». Cette attitude mène à l’attachement, à la possessivité, avec toutes les conséquences déjà décrites. » p376

21: « Ce que je perçois à présent, c’est que mon existence a un sens très clair : je suis ici pour apprendre à me connaître, à connaître ma place dans l’univers et pour transmettre ce que j’ai appris aux autres. Une force irrésistible de plus en plus grande m’y amène. Le présent document est un réalisation de plus en ce sens. J’espère que ce témoignage servira de stimulant et de réconfort à tous ceux qui suivent le même chemin et qui passent, ou sont passés, par les mêmes doutes. » p254 (et fin de la première partie)

22: « la recommandation du swami Chidananda, (…). En se dirigeant vers un groupe de Brésiliens, il avait dit : « Faîtes attention à vos désirs ! Si vous désirez des choses nobles, vous obtiendrez des choses nobles ; si vous désirez des choses basses, vous aurez des choses basses ! Prenez garde à vos désirs! » p314

23: « Compassion et sagesse sont indissociables : la sagesse sans compassion est froide et la compassion sans sagesse peut nous mener à porter préjudice au lieu d’aider. Avoir de la compassion signifie aussi savoir écouter et se mettre à la place de l’autre pour l’aider réellement dans ce qu’il attend de nous. » p384

24: « Suit une longue réponse de plus de deux pages, démontrant que la psychologie et la science ne peuvent être dissociées de la philosophie, d’une philosophie au sens étymologique du terme : « ami de la sagesse ». p395

4) Pouvoirs psychiques et fascination

25: « Jésus affirmait qu’il faisait des miracles pour que le peuple puisse avoir des preuves suffisantes de l’existence d’une force suprême qu’il appelait Dieu le Père, ou Père. En réalité, il n’accordait personnellement pas de valeur à ces miracles, de la même manière que les grands sages yogis de l’Inde n’accordent pas de valeur aux siddhi : ils prouvent seulement qu’une autre dimension existe. » p131

26: « Que le public ne se laisse pas fasciner par les pouvoirs ; dans la plupart des cas, ils ne mènent pas à grand chose. Ils ne sont qu’un détournement important de l’énergie au service de la vanité, de l’orgueil ou de la cupidité… » p131

27: « A propos de la communication de messages par l’intermédiaire de la conscience. Comme une évidence télépathique. 
« Ce que je trouve bizarre, c’est que j’ai la sensation curieuse de ne pas avoir de mérite à faire cela. Moins je fais d’efforts et plus le message vient facilement. Quelle leçon pour mon ego… Ce n’est pas moi qui dirige le processus. » p137

28: « J’ai petit à petit cessé de m’intéresser à la parapsychologie, c’est-à-dire à l’étude des pouvoirs psychiques enfermés dans des moules scientifiques. Quand je dis que j’ai cessé de m’intéresser je veux plutôt dire de me consacrer le reste de mon existence à cette investigation. Je continue cependant à lire des articles sur le sujet et, s’il se présente un cas extraordinaire, j’accepte l’invitation à assister et à observer. Mais mon enthousiasme est passé. Ce que je veux, c’est poursuivre mon évolution intérieure en utilisant pour cela tous les moyens dont je dispose, dans le sens de la psychologie transpersonnelle. » p185

29: « Non seulement certaines traditions spirituelles ont oublié leur raison d’être, appliquent des rituels et recommandent des dogmes dépourvu de sens, mais nombre d’entre nous pouvons nous attarder sur une pratique, ou sur un sujet, qui nous a enchantés, et oublier l’essentiel : la découverte de notre propre nature. Des sujets comme le voyage astral ou la magie fascinent en général certaines personnes qui restent bloquées sur étude et l’utilisation de ces pratiques. » p504

5) Méditation

30: « Je veux avertir tout de suite le lecteur tenté de méditer dans le but de développer des pouvoirs psychiques, comme la clairvoyance ou la télépathie : je lui déconseille ce procédé. La méditation est faite pour servir d’instrument à l’évolution de l’être humain vers l’intérieur de lui-même, pour découvrir qui il est en réalité ultime. Vouloir développer son pouvoir ne mène qu’à la vanité et à renforcer les barrières mentales qui empêchent d’évoluer. » p76.

31: « Si tu veux capter l’eau d’un puit, tu n’y jette pas de l’eau, n’est-ce pas ? Tu dois creuser jusqu’à ce qu’elle jaillisse. »p123 – ou l’importance du facteur personnel dans la pratique de la méditation.

32: « L’expérience fondamentale part de la méditation quotidienne. Je choisis un lieu, si possible toujours le même. Je m’installe en posture physique décontractée, la colonne vertébrale droite, sans forcer. Je m’imprègne d’abord de l’idée que je suis au moment le plus important de ma journée. Je médite de préférence après mon bain matinal, qui me met en condition énergétique favorable, et avant mon petit déjeuner, ce qui évite le gaspillage énergétique de la digestion. Une fois détendu, je me concentre sur l’air qui entre et sort de mes narines et je le suis dans son évolution en récitant intérieurement le mantra HAM SA : HAM correspond à l’inspiration et SA à l’expiration. Si des pensées se présentent – et il s’en présente toujours -, j’en prends conscient. Je ne lutte jamais contre leur présence car elles expriment en général mes problèmes non résolus, du passé ou de l’avenir. C’est une bonne solution d’attendre la solution, qui en général accompagne ma méditation car nous sommes là dans la dimension de la créativité. »  p232 

33: « Rimpoché m’avait recommandé de rester assis, de regarder les idées passer et de revenir me concentrer sur la respiration ou sur l’objet qui retenait mon attention. J’entrais dans un dilemme terrible : ou je méditais et je laissais s’envoler de précieuses idées pour mes livres, ou j’écrivais et je perdais ainsi l’occasion de m’éveiller. Je ne percevais pas que l’impasse dans laquelle je me trouvais était le ferment de la découverte du processus d’attachement à mes propres idées. Je ne percevais pas que j’étais entré dans un processus d’apprentissage ! Je ne voyais pas de porte de sortie, il ne me restait qu’à soumettre la question à Rimpoché et à lui demander de m’indiquer un moyen de méditer et à la fois de ne pas perdre les bonnes idées qui me venaient à l’esprit. 
Rimpoché, consulté, me répondit que je ne pouvais prendre des notes que pendant le cinquième de temps de méditation, au maximum. Ce fut donc grâce à cette orientation que se maintint la tension créée par l’attachement aux idées naissantes. C’est donc grâce à cette grené que j’ai pris conscience du processus de formation de l’attachement dès sa naissance. » p363

34: « Tant dans ses cours collectifs que lors des entretiens particuliers, Pemala attirait notre attention sur le fait qu’il n’y avait aucune différence entre le processus de méditation assise et les différents actes quotidiens, par exemple celui de faire le chemin vers sa chambre. » p371

35: « Il n’est pas nécessaire de s’isoler dans une grotte ou dans un monastère pour pratiquer le sida yoga. C’est dans le monde, à l’endroit où nous sommes que nous pouvons parfaitement combiner la vie quotidienne avec ses pratiques. » p203.

36: « Les mouvements spontanés, ou krya, augmentaient au cours de ma méditation. Un des swami m’a expliqué que cela servait à fortifier mon appareil subtil, me permettant une meilleure méditation. » p216

37: « Ce qui m’aida beaucoup, ce fut la méditation avec équanimité qui est toujours l’une de mes préférées. Elle consiste à s’assoir en état de relaxation et de laisser passer tout ce qui se présente dans le champ de la conscience, sans montrer la moindre préférence ou émettre le moindre jugement. En d’autres termes, accepter tout également, que ce soit les voix qui viennent du dehors, les pensées, les sentiments ou les émotions intérieures. Laisser passer simplement sans avoir de préférences. » p406

38: « J’ai découvert peu à peu, comme je l’ai raconté dans l’entretien avec Khempô sur les résultats de ma méditation, que j’étais une pensée : je n’étais qu’une pensée qui, lorsqu’elle observait une pensée, n’était qu’une pensée se rappelant une pensée précédente. J’ai alors découvert que je ne suis qu’une mémoire… Alors l’intérieur est devenu pensée et l’extérieur, espace d’où provient la pensée. Mon refuge est donc devenu l’espace d’où provient la pensée. » p425

6) Transcendance et états de conscience

39: « Ce n’est que parvenu à l’âge adulte que j’ai commencé à comprendre que ce ‘ciel’ et ce ‘royaume des cieux’ sont des métaphores pour désigner un certain état de conscience. »p32

40: « La perception que l’homme a de son importance propre est peut-être l’une des preuves qu’il est lui-même l’univers…ou Dieu. » p213

41: « ce qui différencie réellement l’état de rêve de celui de veille c’est que dans la veille il existe un objet – soit une chose, soit une personne – vu comme extérieur. Quelque chose que l’on peut toucher, regarder, voir, sentir, etc. » p372

42: « Il (Muktananda) y décrit aussi d’innombrables expériences fondamentales où il a tout appris sur nos différents corps : le corps physique que nous appréhendons en état de conscience et de veille , le corps subtil que nous expérimentons en état de rêve ; le corps causal qui correspond à l’état de sommeil profond ; enfin le propre self dont nous vivons la présence en état de superconscience. » p206

43: « Les centaines d’ashram, ou communautés, qu’il a organisées plus particulièrement en Inde et aux états-Unis, reflètent ses qualités : grande efficacité, ordre et respect de la personne humaine. » p207

44: « Résumé des fonctions liées aux chakras : « sécurité, sensualité, pouvoir, amour, inspiration et transpersonnel. » p308

Extrait de son journal intime pendant la retraite
45:  « Après les séances de prosternation, quelque chose bouge en moi. J’aime tout le monde. Point final. C’est inexprimable ce qui se passe à l’intérieur de mon être. Mon coeur est surchargé de larmes d’Amour universel. Et elles n’ont pas fini de couler…
Il ne sert à rien d’annoncer cela aux quatre vents, je courrais le risque de ne pas être compris. Il faut traduire tout cela en actes quotidiens, concrets, spontanés, ici et maintenant, pleinement conscient de ce que je suis en train de faire. C’est ce que font les lamas. Ils agissent en donnant leur amour et parlent très peu. Ils s’expriment par leurs actions. » p381

46: « Ce que j’ai compris, c’est que ce que nous appelons « état de veille » est un rêve que nous appliquons aux objets et aux personnes. Donc, l’entrainement auquel je me suis soumis consistait à voir les choses et les personnes – tous les phénomènes – comme elles sont et non pas comme nos vieilles habitudes nous ont accoutumés à les voir. » p423

47: « Dans une première phase, alors que j’étais encore tourné vers la satisfaction de ma sensualité et sensible à la beauté physique, je recherchais la compagnie de femmes belles et sensuelles. Dans une deuxième phase, où je m’attachais avec force à la forme sentimentale de l’amour, je cherchais des compagnes féminines « bonnes » et maternelles. Dans une troisième phase, au cours de laquelle ma créativité et ma sensibilité artistique s’épanouissaient, je recherchais des compagnes créatives, artistes, musiciennes, poétesses. Quand je suis entré dans la phase de la découverte des pouvoirs psychiques, j’ai recherché des femmes intéressées par ses pouvoirs ou qui les possédaient. Et à présent que je suis dans la phase où je transcende mon égo, je cherche des compagnes qui ont le même idéal. Et durant toutes ces phases, tout en cherchant une femme, je cherchais en réalité l’autre moitié d’une bipartition dans laquelle je n’avais aucune responsabilité. »  p226

48: « De la même façon qu’en état de conscience de veille nous considérons le rêve comme une illusion, quand nous serons en état de super-conscience nous découvrirons que c’était notre état de conscience de veille qui n’était qu’un rêve. » p230

49: Pierre Weil nous donne sa formule des états de conscience :
VR = f(EC)
VR : Vécu de la Réalité
EC ; Etat de Conscience

50: « Un jour, Pemala, en parlant avec moi du processus de l’illusion et de l’affirmation orientale que tout n’est qu’illusion, me déclara que cela ne signifiait pas qu’il n’existe rien en face de nous, mais plutôt quelque chose de différent de ce que l’on perçoit en raison de nos projections de mémoires, concepts, préjugés et émotions passées. » p375

51: « Et celui qui est dedans n’est plus celui qui a fait le mouvement inverse, de dedans vers dehors. Celui qui sort n’est plus un « Je » identifié à son corps. Celui qui sort est plus libre, plus détaché, ouvert pour l’Ouvert, pour utiliser une expression de Jean-Yves Leloup, dont il fait partie et qui l’intègre. En somme, celui qui est maintenant dehors, c’est le dedans de Pierre ! » p427

52: « Je me souviens maintenant de l’affirmation du maitre Pai Lin. Parlant de pratique de longévité, il disait que notre travail sur nous-mêmes au moyen des exercices de tai-chi a sa justification, car il nous donne l’occasion de nous éclairer davantage durant ce qui nous reste d’existence. C’est la raison principale pour laquelle je cherche à prolonger ma propre existence par une vieillesse la plus saine possible. » p500

53: « L’un des moyens de parvenir à pénétrer et à vivre notre véritable nature, que nous retrouvons dans toutes les traditions spirituelles, c’est la désautomatisation. Elle exige des qualités particulières, comme la persévérance et la patience, pour affronter tous les obstacles – habitudes, manières de penser, concepts et préjugés – qui nous empêchent de l’atteindre car ils sont une sorte de voile difficile à écarter du jour au lendemain. » p401

7) Religion, spiritualité et retraite

54: « … il a réussi à me réconcilier avec le Christ.
Comment cela est-il arrivé ? De façon extrêmement subtile. Il a utilisé mon intérêt très développé pour l’expérience mystique. Il m’a donné à lire le vieux livre de Tanquerey sur la théologie ascétique et mystique : ce livre m’a convaincu. Il est clair que des liens unissent le yoga et l’Eglise catholique. » p191.

55: « En passant devant la Vierge Marie, il (Muktananda) dit : ‘Nous aussi, nous avons Shakti’ » p209

56: « Un jour, on demanda à Muktananda comment Dieu, qui est un, peut se trouver dans toutes les choses de l’univers. Il répondit : ‘Dieu est un, mais il a voulu avoir la sensation de ne pas être seul ; alors il a créé la pluralité de lui-même. Ainsi il est à la fois un et multiple. » p212

57: « J’appris petit à petit que l’une des façons de lire le livre de la vie était d’aller dans la direction où les choses facilitent votre tâche et surtout de ne pas insister si tout conspire contre vous. » p441

58: « Le dernier regret
C’est celui du paradis perdu
Celui qu’on a vécu »
p224 – extrait de son poème Le dernier regret.

59: « Pour moi, le yoga n’est pas une religion et peut être pratiqué par des gens de n’importe quel courant religieux. Le yoga, pour moi, est au-delà de toutes les religions. Je me considère donc dans une position spirituelle transreligieuse.
La pratique du yoga m’a amené, à travers vécus et expériences, à mieux comprendre ce que les grandes traditions entendant par Dieu et la raison de la réticence du bouddhisme, du judaïsme et du taoïsme à le nommer. » p509

60: Programme de la forme la retraite de trois ans suivit par Pierre Weil.
« Le matin, lever à 4 heures et méditation jusqu’à 7 heures. Après la douche, réunion au temple pour les rituels et les célébrations matinales. Celui qui avait préparé le temps sonnait la cloche, et cela se faisait par roulement. Après le temps, à 8 heures, petit déjeuner matinal. De 9 heures à midi, chacun de nous se retirait dans son coin afin de procéder à des pratiques méditatives, jusqu’à ce que la cloche nous appelle pour le repas de midi, que nous prenions à la cuisine. » p351

61: programme du fond de la retraite
« trois grandes écoles tibétaines dont les enseignements : hinayana, mahayana et vajrayana. Le hinayana, ou « Petit Véhicule », est l’enseignement d’initiation pour les personnes qui désirent accomplir les premiers pas. Il s’agit d’enseignements basiques du Bouddha. La deuxième année est réservée au mahayana, ou « Grand Véhicule », où l’on développe surtout la compassion. Et durant la troisième année sont transmis les enseignements du dzog chen, réservés aux disciples ayant déjà parcouru les deux premiers degrés. » p340

62: D’après Rimpoché : « les quatre sentiments pour parvenir à l’éveil : la joie, l’amour, la compassion et l’équanimité. (…) l’équinanimité se réfère en particulier aux trois autres sentiments : la joie, l’amour et la compassion envers tous les êtres humains. p342

63:« les trois venins de l’existence : l’attachement, la colère et l’ignorance » p344

64: « Se détacher, c’est libérer la mémoire du plaisir lié à l’objet de l’attachement, dans notre propre esprit. » p362

65: « Chaque doigt de notre main symbolise un attribut de la divinité. Les trois premiers à partir du petit doigt symbolisent les trois guna ou attributs de matière énergie : inertie, dynamisme et lumière. L’index symbolise l’atman, ou le moi intérieur individuel et le pouce signifie brahman, ou l’Être suprême et le moi universel. Ainsi la figa symbolise brahman pointant son doigt vers le haut, c’est-à-dire montrant qu’il est le point de jonction entre le moi individuel et les trois forces naturelles en nous : Brahmâ, Vishnu, S’hiva. Le tout est un encouragement à diriger toutes les forces de notre être individuel vers le haut. » p112.

66: « Dans le langage du bouddhisme tibétain, comme dans l’hindouisme, le judaïsme et le christianisme, on parle de purification. Comme ce terme a provoqué de nombreuses réactions défavorables en raison de son caractère moraliste et de sa connotation de péché, j’ai préféré utiliser le terme déconditionnement, plus adéquat en raison de sa neutralité et de son côté psycho-physiologique plus en accord avec la véritable nature de ce processus. » p402

67: Le mot de Khempô, professeur de pratique durant la retraite « Vous n’avez chaque jour rien à faire de plus que manger, faire votre toilette, méditer et dormir!… » p351

68: « Est morte aussi toute la conception réifiée, chosifiée, solidifiée, tant de Dieu que de moi. C’est pour cela que j’ai abandonné les concepts de self individuel, ou atman en sanskrit, et de self universel, ou brahman en sanskrit, que j’utilisais facilement à la fin de mon livre sur la révolution silencieuse. Cela signifie aussi que j’ai abandonné le concept d’un Dieu et d’un moi solide séparés l’un de l’autre dans une problématique de dualité. »

69: « Tout est Bouddha », c’est-à-dire que chacun de nous, comme chaque particule de l’univers, est imprégné d’une force cosmique à la fois immanente et transcendante.
Si nous sommes pénétré de cette vérité, l’attrait ou le rejet deviennent impossible. En effet, comment, le Tout pourrait-il se rejeter ou s’attirer lui-même? »p124

8) Créativité et formation

70: « Ils avaient découvert la même chose que moi : l’idée que la force sexuelle peut, dans le couple, être transformée en expérience extatique à deux ; que le sexe peut être un chemin pour la réalisation de la conscience cosmique à deux. Il y a différents types de couple : le couple traditionnel, le couple occasionnel, le couple évolutif et le couple qui s’est transcendé. Le couple évolutif est justement celui où chaque partenaire aide l’autre à se transcender, et celui qui s’est transcendé et est parvenu à la conscience cosmique aide les autres à le faire à leur tour. » p142

71: « mon corps a été pris de tremblements et de petites convulsions. Ma bouche a bredouillé des sons, des sortes de « blblblblb… ». Je ne pouvais arrêter ces mouvements appelés krya en sanskrit, c’est-à-dire purification des nadi ou courants d’énergie subtile, qui se manifestent particulièrement dans la moelle épinière. Ama, une swami qui accompagne Muktananda depuis de longues années, m’a alors expliqué que cela arrive quand ida et pingala, les deux énergies opposées, positive et négative, se fondent dans la colonne vertébrale, ou sushumna. Un courant immense d’énergie a commencé à fluer de la partie inférieure de mon corps ; je ne pourrais dire d’où exactement mais j’ai vu des boules de lumière s’en échapper, de façon ininterrompue, pendant de nombreuses heures. La lumière était blanche. Les boules surgissaient comme si elles venaient du fond de l’eau. » p214

72: « Durant ces années de retraite, j’ai découvert que cette créativité – produit de l’intuition et de l’inspiration – n’est pas seulement une manifestation intellectuelle. C’est aussi un phénomène spirituel accompagné d’une immense gratitude. Je suis entré plusieurs fois dans un véritable état de grâce. » p397

73: « La « ronde de la destruction » est le nom que nous donnons à ce processus de suicide. Il montre qu’il est urgent d’agir en même temps sur l’individu, sur le plan physique, émotionnel et spirituel, sur la société, sur le plan économique, sociopolitique et culturel, et sur la nature, sur le niveau de la matière, de la vie et de l’information. Ce processus de sauvetage, nous l’avons appelé « ronde de la paix ». Elle sert de modèle aux différents programmes de l’université. Le règlement interne de  l’université est conforme à la théorie fondamentale. L’université fonctionne sur trois niveaux : l’éducation, les études et la recherche, et l’action réparatrice. Le niveau de l’éducation se divise lui-même en trois aires : la sensibilisation, la formation et la post-formation. » p461

74: « L’éveil de la kundalini se manifeste de façon très différente, selon le caractère de chacun. Les uns ressentent une décharge électrique le long de l’épine dorsale ; d’autres voient des lumières ou des êtres d’une autre dimension, certaines personnes commencent à prendre des postures ou à faire des mouvements de haha yoga sans jamais les avoir appris, chez d’autres encore, ce sont des mouvements respiratoires spontanés, les pranayama, qui apparaissent bien qu’ils soient totalement inconnus par le pratiquant, parfois enfin, des maladies latentes font leur apparition et sont très vite éliminées. Il s’agit de la préparation du terrain vers une évolution postérieure. » p202

Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à lire l’intégralité d’une révolution silencieuse. Et, dans un premier temps, n’hésitez pas à commenter l’article, en utilisant la numérotation des citations, afin de partager vos impressions et de poser vos questions. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *